FLYNVILLE TRAIN : IV  (2018)

Quatrième enregistrement sous un format EP six titres pour le groupe de Country Rock de l'Indiana Flynnville Train, qui rappelons-le a une certaine aura en France de par sa mémorable prestation au rendez-vous country du festival de Craponne sur Arzon, Haute-Loire, le 30 / 07 / 2011, de par aussi certains de leurs titres très accrocheurs aux émanations sudistes repris par des groupes français comme les Béarnais de Bootleggers sur leur album "Heart of Dixie " de 2012 qui reprenait "High On The Mountain" et "Red Nekkid", également repris par les Meusiens de Redneck en 2014 sur leur "1 Poing C'est Tout !". Bon passons à cet EP parsemé de reprises de choix comme en ouverture le superbe " From The Beginning " d'Emerson, Lake & Palmer (étonnant non ?), avec de délicieux arpèges en intro pour filer nonchalamment en forme « laidback » avec des parties de guitare gorgées de soleil où le feeling prime. Du plus traditionnel se met en place dans le style des Kentucky Headhunters sur "It Comes To Me Naturally". Ensuite du Country Honky Tonk des montagnes avec "Five Gallon Tear", puis la surprise du chef avec une super reprise du "Garden Party" de Ricky Nelson, l'inoubliable personnage de Colorado dans le western de Howard Hawks "Rio Bravo", grand monsieur du rockabilly à la fin des fifties, pour se lancer par la suite avec son groupe The Stone Canyon Band dans un ardent "Country Rock" fort de quatre LP's dont le meilleur est l'album "Garden Party "de 1972 dont ce titre-album est repris avec classe par Flynnville Train. Encore du bien sérieux pour les oreilles avec l'instrumental guilleret "Blackgrass", signé Flynnville Train avec une connotation qui s'approche du "Waterhole" des Outlaws. Le EP s’achève de façon champêtre sur le Country Folk Bluegrass acoustique "Your Day's Comin' ".
Jacques Dersigny

Cela faisait un sacré paquet de temps que ce groupe d’Indiana n’avait pas fait parler de lui sur le plan discographique. Pourtant, il a continué de tourner pendant toutes ces années et il revient avec un album de six titres qui rappelle la bonne vieille époque des maxi 45 Tours. D’entrée de jeu, ça commence bien avec « From the beginning », un morceau à la Charlie Daniels débutant par une intro hispanisante exécutée à la guitare acoustique. Juste après, on embraye sur un country-rock musclé avec un bon solo de six-cordes (« It comes to me naturally »). Vient ensuite une ballade country aux accents des Appalaches avec violon et dobro (« Five gallon tear »). Jusque là, pas de problème. La musique est bien cool, l’esprit « Southern Country » reste bien présent et on prend du bon temps. Mais ce petit disque cache bien son jeu et monte encore en intensité avec l’excellente reprise de « Garden party » de Ricky Nelson. Cette très belle chanson raconte l’histoire d’un ancien chanteur qui doit jouer lors d’une réception réunissant de vieux copains d’autrefois. Visiblement oublié de tout le monde, il égrène quelques morceaux dans l’indifférence générale avant de se barrer. Philosophe, il en tire une leçon de vie: « But it’s allright now/ I learned my lesson well/ See, you can’t please everyone/ So you got to please yourself » (« Mais tout va bien maintenant/ J’ai bien appris ma leçon/ Tu vois, tu ne peux pas plaire à tout le monde/ Alors, c’est à toi que tu dois plaire »). Une belle pedal steel et une gratte bien country rajoute à l’ambiance nostalgique de ce titre. Du beau travail ! Après cet agréable moment, les musiciens d’Indiana ne trouvent rien de mieux que d’envoyer un instrumental infernal avec des guitares diaboliques (« Blackgrass »). On pense immédiatement au « Waterhole » des Outlaws. La pression grimpe encore d’un cran et ça chauffe un maximum ! Pour terminer, place à la mélodie avec « Your day’s comin’ », une superbe ballade « Southern Country » dépouillée avec seulement deux guitares acoustiques et un texte plein d’espoir. Que ce soit le guitariste qui a bossé sans relâche les plans de ses idoles (Clapton, Page et Dickey Betts sont cités) et a passé dix ans sur la route sans connaître le succès, ou la jeune femme abandonnée avec ses enfants, ou d’autres délaissés de la vie, tous ces gens doivent s’accrocher au peu qu’ils possèdent car, pour chacun d’eux, leur jour viendra. Bien joué ! Ce nouveau disque de Flynnville Train détient donc tous les atouts pour ravir les amateurs de « Southern music ». Il prouve également deux choses. D’abord, un groupe peut rester en vie même sans avoir franchi les portes de la gloire. Ensuite, six morceaux bien envoyés peuvent enterrer certaines productions qui alignent treize ou quinze titres poussifs. Back on the railroad !
Olivier Aubry